[TEST] Ruinarch : le Mal à l’état pur

Sorti le 7 décembre 2023, Ruinarch est un jeu de simulation stratégique développé par Maccima Games et édité par Klabater. Disponible sur Xbox One et Xbox Series X|S, il propose une expérience unique où le joueur incarne un seigneur maléfique semant le chaos dans des villages paisibles.

ça fait mal et ça fait du bien…

Dans l’univers foisonnant de l’heroic-fantasy, certains jeux inversent les rôles traditionnels en plaçant le joueur du côté obscur :

  • Overlord, développé par Triumph Studios et publié en 2007 sur PC, Xbox 360 et PlayStation 3, est un exemple emblématique : on y incarne un seigneur maléfique ressuscité, commandant une armée de larbins grotesques pour semer le chaos dans un monde caricatural de fantasy. Le jeu mêle humour noir, stratégie et action dans une quête de domination absolue.
  • Autre titre marquant : Dungeon Keeper, conçu par Bullfrog Productions et sorti en 1997 sur PC, où le joueur construit et défend son propre donjon contre les héros intrus. Ce classique du jeu de gestion inversait les codes en faisant du mal le centre du gameplay.
  • Plus récemment, Dungeons 3 (2017, PC, PS4, Xbox One) reprend ce concept avec une touche moderne et une narration décalée, permettant de gérer un empire souterrain tout en envoyant ses troupes corrompre le monde de la surface.
  • Enfin, Warhammer: Chaosbane (2019, PC, PS4, Xbox One) propose une immersion dans l’univers sombre de Warhammer, où l’on peut incarner des champions du Chaos, semant la destruction à travers des hordes ennemies dans un hack’n’slash brutal.

Ces jeux offrent une perspective alternative sur le genre heroic-fantasy, où la magie, les créatures mythiques et les royaumes enchantés deviennent les terrains de jeu du mal incarné.

Manipulations et tragédies

Dans Ruinarch, il n’y a pas de scénario linéaire. Le jeu mise sur une narration émergente, générée par les interactions du joueur avec les villageois.
En tant qu’architecte du mal, on choisit parmi trois archétypes de seigneur démoniaque, chacun offrant des styles de jeu distincts : destruction brute, manipulation sournoise ou contrôle indirect.
Le monde réagit aux actions du joueur, créant des histoires dynamiques où les trahisons, les fléaux et les mutations surnaturelles deviennent monnaie courante.

Un monde cruel (pour les yeux)

Visuellement, Ruinarch peine à convaincre : son rendu 2D, bien que fonctionnel, manque cruellement de finesse et de personnalité.
Les environnements sont plats, les animations minimalistes, et les effets visuels trop basiques pour susciter l’émerveillement ou renforcer l’immersion. Le style graphique semble dater d’une autre époque, sans pour autant jouer la carte du rétro assumé.

On aurait pu espérer une esthétique plus travaillée pour accompagner l’ambition du concept, mais le résultat donne plutôt l’impression d’un prototype prolongé que d’un jeu pleinement abouti.
Cette pauvreté visuelle nuit à l’impact des événements chaotiques que le joueur déclenche : quand tout est graphiquement terne, même les pires atrocités perdent en intensité.
En somme, la direction artistique de Ruinarch manque de souffle et d’audace, ce qui affaiblit l’expérience globale.

Le laboratoire du chaos

Ce qui distingue Ruinarch, c’est son concept. Peu de jeux permettent d’incarner le mal de manière aussi créative.
Entre les manipulations psychologiques, les tortures absurdes, les zombifications et les cultes secrets, le jeu offre une palette d’actions rarement vue ailleurs.
L’approche sandbox, combinée à des mécaniques de simulation sociale, donne naissance à des situations imprévisibles et souvent hilarantes dans leur cruauté.
Malheureusement on ne comprend pas toujours ce qui se passe à l’écran tant le jeu manque de précision… Une possibilité de zoomer sur l’action aurait été d’une grande aide !

Sorts, pièges et fléaux

Le gameplay de Ruinarch repose sur une mécanique de jeu ouverte, où le joueur est libre d’expérimenter une vaste gamme d’actions malveillantes.
Grâce à un arsenal de pouvoirs surnaturels et de structures diaboliques, on peut manipuler les villageois, déclencher des catastrophes, créer des monstres ou encore infecter des communautés entières avec des fléaux sur mesure.
Chaque action génère de l’énergie chaotique, ressource essentielle pour débloquer de nouvelles capacités et étendre son influence.
Cette liberté d’approche encourage la créativité et pousse à tester des combinaisons toujours plus cruelles mais une fois encore le jeu est très avare d’explication et il faut chercher longtemps avant de comprendre comment utiliser tell sort ou tel bâtiment…

Cette richesse s’accompagne d’une interface parfois déroutante : les menus sont denses, certaines icônes manquent de clarté, et les informations contextuelles ne sont pas toujours bien mises en valeur.
Pour les nouveaux joueurs, la prise en main peut sembler abrupte, surtout en l’absence d’un véritable tutoriel guidé.
Malgré cela, une fois les mécaniques assimilées, Ruinarch devient un bac à sable fascinant où chaque partie est une nouvelle expérience de chaos sur mesure.

Le mal ne dort jamais

Grâce à ses cartes générées procéduralement et à la liberté d’action offerte, Ruinarch bénéficie d’une excellente rejouabilité.
Chaque partie peut être radicalement différente selon les choix du joueur, les archétypes sélectionnés et les événements déclenchés.
Le jeu ne propose pas de campagne scénarisée, mais sa richesse systémique compense largement cette absence.
Les joueurs qui aiment expérimenter et créer leurs propres histoires y trouveront de quoi s’occuper pendant des heures.

Ruinarch

📝 Conclusion

Ruinarch est une pépite pour les amateurs de sandbox malveillants. Il ne cherche pas à raconter une histoire classique, mais à offrir un terrain de jeu où le joueur devient le maître du chaos. Si son style graphique reste modeste et que l’interface pourrait être plus intuitive, sa richesse mécanique et son originalité en font une expérience à part dans le paysage vidéoludique.

✅ Points positifs

  • Concept original et audacieux
  • Grande liberté d’action
  • Rejouabilité élevée
  • Combinaisons de pouvoirs variées
  • Narration émergente captivante

❌ Points négatifs

  • Interface parfois confuse
  • Pas de scénario structuré
  • Direction artistique minimaliste
  • Courbe d’apprentissage abrupte
  • Certaines mécaniques peu expliquées
73%

👨‍💻 Développeur : Maccima Games

🏢 Éditeur : Klabater

📅 Sortie : 07/12/2023

🎮 Plateformes : Xbox Series, Xbox One, PS4, PS5

🧪 Testé sur : Xbox Series S

🎁 Code fourni par l’éditeur

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